Initiation au vignoble bordelais
Depuis plusieurs millénaires, l'Homme a lié son histoire avec celle de la vigne et du vin, faisant ainsi de ce dernier un de ces éléments comptant à part entière et intégrant son développement comme sa vie de tous les jours. Ce processus de fermentation du raisin a ainsi traversé les siècles pour s'établir, il y a quelques 2 000 ans, dans le Sud-Ouest de la France à proximité de Bordeaux. Les écrits d'un célèbre poète, Ausonius, en attestent quelques 50 ans avec J-C. Cette région, dont la culture de la vigne est devenue un des éléments majeurs, a profondément modifié son développement. Aujourd'hui, plus de deux millénaires plus tard, cet apport a forgé l'âme de ses habitants, donné ses armes de noblesse et de fierté à toute une région, s'étendant du nord au sud de la Gironde.


Région viticole
D'une superficie de quelques 120 500 hectares en 2012, le vignoble Bordelais est le plus important de France. L'une des plus importantes appellations de Bordeaux en terme d'étendue, l'appellation Haut Médoc, comptabilise environ 5 523 hectares en exploitation viticole. Légèrement inférieure en surface, l'appellation Médoc avoisine les 4572 hectares. Moulis compte environ 596 ha, la prestigieuse Margaux 1 494 ha, Saint Julien 913 ha, Pauillac 1 220 ha enfin Saint Estèphe avec 1 214 ha. L'appellation Graves comprend 3 939 ha, dont 1 434 de Pessac-Léognan. Côté Rive droite de Bordeaux, dans la région Libournaise, le groupe Saint Emilion, Pomerol et Fronsac totalise 12 339 hectares se répartissant de la manière suivante : Saint Emilion 5 405 ha, Pomerol 794 ha, Lalande-de-Pomerol 1 136 ha et enfin Fronsac et Canon Fronsac 1 066 ha. La superficie des blancs secs de l'appellation Bordeaux englobe environ 9 303 ha lorsque les blancs doux eux représentent environ 3 516 ha.
Classement des vins de Bordeaux
1855 ou une année qui modifiera de manière durable le classement, jusque-là informel, des vins de Bordeaux. En vue de l'exposition Universelle de Paris qui se déroula cette année-là, Napoléon III demanda aux courtiers de la place de Bordeaux d'établir un classement des « vins rouges et blancs du département ». Il fut ajusté en fonction de la réputation des châteaux issus d'une tradition informelle dans le milieu viticole, mais également en fonction du prix des vins alors commercialisés par les vignobles. Naquit une sélection de Grands Crus Classés en 5 catégories respectives. Ainsi, apparut un classement pour les rouges de la rive gauche, de Premiers à Cinquième Grands Crus Classés. Les blancs liquoreux au nombre de 27 se démarquèrent en trois catégories, Premier Cru Supérieur pour le Château d'Yquem, Premiers et Seconds Crus pour les 26 autres. Considérée comme le berceau viticole Bordelais et de certaines techniques de cultures millénaires, la région des Graves se distingue par son sol graveleux et ses crus d'une exceptionnelles finesses en dégustation. Ils sont à juste titre considérés pour être les « Premiers Grands Vins de Bordeaux » appréciés et dégustés par la haute société Anglaise durant le Moyen-Age.
Non distingués en 1855, à l'exception de Château Haut-Brion, 14 vins de Graves seront classés en 1952 suite à une procédure entamée auprès de l'Institut National des Appellations d'Origine. Ce classement fut étendu à 16 Crus en 1959. A savoir que tous les Crus distingués se situent sur l'AOC Pessac-Léognan : Les Crus classés de Graves.
En 1954, ayant compris l'importance d'une telle distinction si favorable au plan international, le syndicat des Vins de Saint-Emilion décida d'établir un classement afin de distinguer les Premiers Grands Crus Classés A et B, Grands Crus Classés des Saint-Emilion plus classiques. Ce classement restant révisable tous les 10 ans, il oblige les producteurs à donner le meilleur chaque année afin de garder cette distinction. C'est un jury d'experts indépendants et se basant sur des critères précis qui examine avec attention chaque demande.
En 2012, 18 Premiers Grands Crus Classés furent démarqués ainsi que 64 Grands Crus. La mention Cru Bourgeois remonte au Moyen-Age et fut portée en premier par les Bourgeois de Bordeaux propriétaires des plus belles terres de la région. La Révolution Française bouleversa cet ordre établi, mais la continuité dans cette mention restera. En 1855, la volonté est à la distinction au sein même de la mention, séparant ceux-ci en « Bourgeois Supérieurs », « Bons Bourgeois » et « Bourgeois Ordinaires » afin de les distinguer également des Crus artisans ou paysans. Après de nombreuses péripéties remettant en cause cette distinction, cette grande famille de Crus du Médoc (247 châteaux) pérennisera jusqu'à nos jours. Une liste est ainsi publiée tous les ans en septembre depuis 2010. Les critères qualité sont exigeants afin de pouvoir porter cette mention, assurant ainsi de très bons vins aux consommateurs et à parfois d'excellents rapports qualité/prix.